UN CAFÉ DE PARENTS DÉTENUS (Section OMEP de Haute Savoie)

Non Par Daniele

UN CAFÉ DE PARENTS DÉTENUS organisé en partenariat par la Section de Haute Savoie :

Historique du café de parents détenus :

L’histoire du Café de parents détenus à la Maison d’Arrêt de Bonneville (Haute-Savoie) débute dans les suites de la mise en place de la Loi de 1994 (Simone Veil) prévoyant que des soins somatiques et psychiques seront dispensés aux personnes détenues, mise en place en juillet 1995.

Lorsque le détenu entre en prison, dans les premiers jours il est reçu par le service de soins pour un examen systématique. Celui-ci permet de recueillir plaintes et doléances.

La plupart des détenu/es est jeune. Ils sont fréquemment parents de jeunes enfants. La séparation engendre des soucis, des angoisses qui sont adressées soit à l’Unité de Consultation et de Soins Ambulatoires (UCSA), soit au Dispositif de Soins Psychiatriques (DSP), soit au Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP).

C’est ainsi que la proposition de mettre en place un groupe de paroles de parents détenu/es est née : réunir à fréquence mensuelle un petit groupe de personnes demandeuses, en présence d’un éducateur et d’une psychologue, figurant symboliquement un couple parental, chargé de répondre au questionnement exprimé.

L’équipe du DSP et le l’UCSA de l’époque a trouvé un appui auprès de l’OMEP de Haute-Savoie, qui a subventionné cette action, puis obtenu un soutien régulier et sans faille du Réseau d’Ecoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents départemental (REAPP), et de l’Aide Sociale à L’Enfance (ASE).

La particularité du milieu carcéral est de voir s’effectuer dans un espace restreint un grand nombre d’actions pour un grand nombre de détenu/es. Le maitre mot – afin de pouvoir mettre en place une action – est « partenariat », tout en sachant que toute action programmée peut être suspendue (par exemple par un mouvement des détenu/es ou des surveillants, ou interruption temporaire due aux travaux d’agrandissement et d’amélioration).

Mais cette organisation est devenue « sécure » grâce au lien partenarial avec le SPIP, et les services pénitentiaires, grâce à la signature d’une convention de fonctionnement.

Les détenu/es font la plupart du temps un court séjour dans l’établissement, ou sont éventuellement transférés dans un autre établissement. La plupart ne viendra qu’une fois au Café de Parents détenus, mais le projet se développe de mettre en place un groupe fermé avec engagement sur 4 à 5 séances.

Fonctionnement du café de parents détenus :

Les animateurs soulignent que le contenu du café de parents, tel que défini dans la convention, est confidentiel. Les questions pratiques liées à la détention sont forcément évoquées, notamment lorsque l’on aborde le sujet des parloirs, thème fréquemment abordé par les participants à ce groupe de parole.

Il leur est également possible de poser à distance de la famille la question de l’annonce de l’incarcération. Les sujets de la séparation, des personnes de la famille qui ont en charge les enfants pendant l’incarcération, et de la place du père ou de la mère dans la famille dans la perspective de la fin de l’incarcération sont aussi évoqués.

Pour ce qui concerne le suivi des enfants, l’éducateur spécialisé de l’ASE intervient avec la psychologue qui est en charge de dossiers concernant ces familles.

 

Les animateurs rappellent l’intérêt du groupe de paroles pour des personnes en difficulté, qui autorise auto-étayage et hétéro-étayage, vecteur de renforcement de la personnalité. Celui-ci représente un temps et un lieu neutre où les questions peuvent être énoncées, entendues (sans que pour autant les animateurs puissent donner réponses, mais orienter vers le SPIP ou le Service de soins).

La question se pose de savoir ce qui fait groupe. Souvent les parents « se reconnaissent » autour d’un même problème. Des difficultés surgissent, inhérentes à la durée des peines qui induit un manque de continuité. Souvent est évoquée la possibilité pour les parents de s’inscrire deux fois pour améliorer la dynamique du groupe. Actuellement, il est prévu un groupe de parole au quartier hommes et un autre au quartier femmes, mais il faut s’adapter aux circonstances car il y a moins de femmes incarcérées que d’hommes.

 

Des difficultés se sont fait jour en raison de personnes ne parlant pas le français, ou de personnes sous sédatif dans l’impossibilité de participer aux échanges. Un lien plus soutenu avec le Service de soins sera recherché.

La liste de participants sera validée par l’administration pénitentiaire pour éviter que des détenu/es en conflit avec d’autres puissent se trouver réunis.

Faire connaître et étendre le café de parents détenus :

La promotion du café de parents pourrait être faite dans la plaquette distribuée aux entrant/es ou sur la vidéo interne à la Maison d’arrêt.

Un temps devrait être budgété afin que les intervenants prévoient et organisent systématiquement un temps de rencontre avec le SPIP et le Service de Soins Somatiques lors de la réalisation du groupe.

Cette action montre par l’adhésion auprès des détenu/es combien travailler l’idée et la réalité de la parentalité est un facteur positif pour le détenu et plus loin pour l’intérêt de l’enfant.

Elle pourra être diffusée auprès d’autres établissements pénitentiaires nationaux ou européens.

 

Sources :
OMEP-France, Section Haute Savoie 74
Madame Christiane DUBIN

Anne GHENO ROCHELLE, psychologue clinicienne
Alexandre GRANDJEAN, éducateur spécialisé de L’ASE, Haute-Savoie

Hugues FORTUIT, psychiatre

Maison d’arrêt de Bonneville
SPIP 74 et SPIP, Vallée de l’Arve

DSP, dispositif de soins psychiatriques
Etablissement Public de Santé Mentale de La Roche sur Foron, 74

REAAP 74