Des bébés lecteurs en médiathèque

Non Par Gilles

Maryse Métra, psychologue et membre du conseil d’administration de l’OMEP-France présente sa pratique de la lecture pour les tout petits

Depuis quinze ans, j’anime des séances une fois par mois pour des « bébés lecteurs » à la médiathèque de Foncine-le-Haut dans le Jura. En principe, j’accueille des enfants de 9 mois à 3 ans, mais certains bébés viennent beaucoup plus tôt pour accompagner le grand frère ou la grande sœur, ou les autres enfants d’une assistante maternelle. Les séances se déroulent toujours selon le même dispositif. Cette permanence du cadre et les rituels institués sécurisent petits et grands :

  • Un accueil par une chanson du répertoire enfantin, ou une comptine, reprise par l’ensemble des adultes présents (mobilisation du groupe)
  • Un temps collectif d’un quart d’heure environ durant lequel je présente plusieurs livres traitant d’un thème (la poule, les couleurs…), ou une même histoire présentée à travers plusieurs albums (Boucle d’or et les trois ours), ou en m’appuyant sur un raconte-tapis, ou à partir d’un même auteur (Jeanne Ashbé, Malika Doray…) 
  • Un temps laissé à l’enfant pour découvrir les livres qui sont dans deux grandes caisses au centre du tapis. Pour les plus petits, l’adulte propose une lecture individualisée, mais ceux qui peuvent aller se servir dans les caisses peuvent être autonomes ou solliciter un adulte présent.  
  • Un temps collectif où nous partageons des chansons du répertoire enfantin, accompagnés en musique par les enfants (petits instruments, maracas, percussions…).

Au-delà de la rencontre primordiale que constitue le livre entre l’adulte et l’enfant, entre le monde de la culture et l’enfant, j’ai pu repérer la richesse de la littérature pour le bébé :

  • au niveau de sa place dans son environnement social, dans cet espace public qu’est la médiathèque, et de la conquête de son autonomie (découvrir d’autres adultes, d’autres enfants…)
  • au niveau du langage en diversifiant les registres et en découvrant la permanence de l’écrit (les mêmes mots, les mêmes images à la même page…)
  • au niveau de la connaissance de son corps en lien avec cet objet de culture particulier qu’est le livre (s’en saisir, le dévorer ? tourner les pages, le toucher, le sentir…)
  • au niveau de la découverte de ses sentiments, de ses émotions  
  • comme invitation à penser, à découvrir le monde, les cultures, car nous présentons des livres et puisons nos chansons et comptines dans différentes langues en fonction des bébés accueillis, mais aussi comme ouverture à l’universel.

Maryse METRA

Psychologue, membre de l’OMEP-France

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