Journée d’études « De L.I.R.E à Paris à L.I.R.E : 20 ans déjà ! », 6 juin 2019

Non Par Daniele

Maryse Métra et Danièle Perruchon ont assisté à cette journée tournée vers les adultes et les bébés autour du livre, évoquant rencontre, partage et plaisir dans une lecture individualisée.

Article rédigé par Maryse METRA:

Danièle Perruchon et moi-même avons pris beaucoup de plaisir à assister à cette journée.

Olga Baudelot, présidente de L.I.R.E, a introduit cette journée :

« L.I.R.E à Paris fête ses vingt ans et se tourne vers l’avenir animé d’une nouvelle dynamique.
Notre nouveau nom : L.I.R.E exprime l’objectif premier de notre association : Le Livre pour l’Insertion et le Refus de l’Exclusion. Les nouvelles actions que nous entreprenons, nous conduisent à élargir nos terrains d’interventions à la France entière tout en maintenant un partenariat privilégié avec la Ville de Paris. Notre nouveau logo évoque adultes et bébés autour du livre, rencontre, partage, plaisir dans une lecture individualisée. Sa couleur, vert espérance, sa forme douce et arrondie, symbolise l’espoir et le renouveau. »

Elle était entourée de plusieurs personnalités :

Jean-François Pierre, adjoint au chef de bureau des familles et de la parentalité au Ministère des Affaires Sociales, nous a présenté le plan « Dessine-moi un parent » dont vous pouvez télécharger le projet (2018-2022) sur internet.

Sandrine Charnoz, conseillère à Paris, chargée des questions relatives à la petite enfance a souligné l’importance de la diversité des modes d’accueil avec de la mixité et de la qualité. Elle a évoqué le projet « Langue, langage et culture » de la ville de Paris pour prévenir les inégalités sociales.

Sylviane Giampino, psychanalyste, présidente du Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Âge, a évoqué l’intelligence sensible qui lie les enfants, les adultes (familles, professionnels, artistes) et les supports de lecture.

Sophie Marinopoulos, chargée de la mission ministérielle « Culture-Enfance-Parentalité », a associé culture et santé en parlant d’une « malnutrition culturelle » dans notre société où tout va trop vite. Prenons le temps de nous poser avec les enfants. Leur éveil à la culture est indispensable pour les faire grandir en humanité. L’enfant est en appétence de rencontrer un autre que lui-même et le livre nourrit l’accordage. Ce que nous avons pu voir dans le film de Tom Feierabend :« Pages en partage. Pour nourrir les liens enfants-parents » (Ministère de la Culture. 2019) qui nous a été présenté en avant-première.

Puis Bernard Golse, psychanalyste, université René Descartes, a fait une intervention : « Du côté de la lecture et des tout-petits » pour souligner l’importance de la culture aussi tôt que possible. Il a reprécisé la différence entre acquisitions et apprentissages en espérant être entendu par les instances ministérielles. Les premières acquisitions ne sont pas des apprentissages, la marche surgit quand l’enfant est prêt, on ne lui apprend pas à dire « je », et à dire « oui ». Les adultes étayent l’enfant, en respectant le rythme de développement. Les « jardinières » d’enfants savaient bien qu’il ne servait à rien de tirer sur les feuilles pour les faire pousser ! L’enfant acquiert le langage, et le désir de parler vient du fait que c’est un plaisir partagé. L’appétence pour la lecture vient aussi du fait que le livre fait lien avec l’adulte qui le présente, mais aussi avec le monde de la culture. Le forcing ne sert à rien, et Bernard Golse nous a invité à être vigilant à l’éthique du sujet qui est parfois très éloignée de l’éthique du savoir. Dans ses propos, il visait essentiellement Terra Nova et Parler bambin. Dans sa conclusion, il nous a invité à relire « Lire est le propre de l’homme », les témoignages et réflexions de 50 auteurs de livres pour l’enfance et la jeunesse édité par l’Ecole des loisirs (consultable sur leur site).

Cécile Boulaire (Université de Tours) est venue, en écho aux 20 ans de l’association L.I.R.E, nous parler de l’évolution des albums pour tout-petits durant ces deux dernières décennies. Elle s’est appuyée sur 3 dossiers de numéros de « La Revue des livres pour enfants » : Michel Gay en 1988, Nicole Claveloux en 1999, et Ingrid Godon en 2019. Il y fut question de tendresse, des liens de l’enfant avec son environnement immédiat, mais aussi d’humour et de l’audace graphique de certains auteurs et illustrateurs. Nous avons vu aussi comment le livre et le jeu pouvaient se rejoindre, avec aussi beaucoup de sensorialité. « Dévorer les livres » est une expression chargée de sens dès qu’il s’agit des très jeunes enfants !

Des témoignages de parents, de professionnels, des enregistrements d’enfants, des lectures d’albums et des chansons, sont venus appuyer les propos des lecteurs et formateurs de L.I.R.E qui animaient les différents temps de cette journée.

A qui et à quoi pense un auteur quand il écrit pour les enfants ? C’est Anaïs Vaugelade qui est venue répondre à cette question pour clore la journée. Elle met en scène des personnages animés par des affects universels, qui touchent les enfants, comme les adultes. Pour qu’il y ait rencontre avec un public large, elle privilégie la fiction. L’enfant doit intégrer l’humanité, et un album est polysémique, l’image et le texte témoignent de cette complexité. Sous un effet lissé et conventionnel, cela résonne différemment chez chacun. La question du vrai et du faux est centrale aujourd’hui, avec les modes d’information auxquels les enfants ont accès de plus en plus tôt. Anaïs Vaugelade a conclu par une réponse qu’elle fait aux enfants : « C’est pas en vrai, c’est pas en faux, c’est en livre ! ».  De quoi rejoindre Nancy Huston qui parle de « L’Espèce fabulatrice » (Actes Sud 2007).

Il fut bien entendu question aussi de l’association ACCES (Actions Culturelles Contre les Exclusions et les Ségrégations) créée en 1982, et du dispositif national « Premières pages » visant à promouvoir la lecture dès le plus jeune âge, initié en 2009. Bien d’autres actions ont lieu autour du livre et l’OMEP-France est engagée sur ce terrain par des actions concrètes et des temps de réflexion durant ses journées d’études.

 

Maryse Métra